Page:Gill - Vingt années de Paris, 1883.djvu/61

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À présent, je le perds de vue presque complètement jusqu’au siège, où je le retrouve commandant un bataillon de Ménilmontant, qu’il menait jouer au bouchon, comme les autres, sur le glacis. J’allai voir ses galons et son sabre.

Mais ce harnachement platonique l’ennuyait probablement ; il rêvait mieux ; car, au 31 octobre, il est cassé, poursuivi. Bientôt je le vois revenir, par les rues encombrées de neige, effacées dans l’ouate brumeuse du ciel d’hiver, que refoule, sans cesse, le canon prussien.

Des soirs, en cachette, il vient partager sa bûche de bois et son pain de paille en mon logis.

Que de fois encore, là, du coin de la cheminée maussade, il nous emporte, oublieux, sur l’aile de sa parole ardente, imagée, au