Page:Gille - La Cithare.djvu/121

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Car tu redis aussi l’honneur de nos guerriers.
Quand, au matin, le vent passant dans tes lauriers
Fera le bruit joyeux des armes remuées,
Il semblera qu’alors, déchirant les nuées,
Vers l’azur radieux, superbe et colossal,
S’élève de nouveau notre hymne triomphal
Dans le bruissement sublime de l’aurore ;
Et tous, le cœur gonflé, nous frémirons encore
Comme au jour où, vengeant un outrage odieux,
Les Hellènes luttaient sous la garde des dieux.

Ô Terres de vertus, que nul ne vous oublie !
Mais vous, ô Salamine, aimable Psytallie,
Souvenez-vous aussi de ceux à qui le sort
Accorda pour jamais la gloire dans la mort.
Ils gisent dans ces champs. Pour eux, fais-toi plus tendre,
Ô flot mouvant, afin qu’ils puissent réentendre,
À l’heure où l’aube pâle argente l’horizon,
Les cantiques du dieu sur le blanc Cithéron.
La voix de la Patrie est douce : quand les cygnes
Rempliront de leurs chants l’Attique aux belles vignes,
L’orme au feuillage épais et le glauque olivier
Suspendront leur murmure épars ; sur le gravier
La source retiendra sa plainte familière,
Et, plus timidement, dans le myrte ou le lierre,
Les rossignols amis près d’eux gazouilleront.
Qui ne les envierait ? Pour venger notre affront.