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LA CIGALE


Je suis la frêle Muse agreste : m’abreuvant
Dans le creux des rameaux de gouttes de rosée,
Sur la cime des pins harmonieux posée,
Tout le jour, je me berce au caprice du vent.

Parfois, je me blottis dans les fleurs ; mais souvent
De son panache vert la fougère frisée
M’abrite, et ma chanson s’envole, improvisée,
Dans les bois argentés par le soleil levant.

Je ne suis pas toujours l’hôte de la clairière :
Et sur la lance aussi de la Vierge guerrière,
Dans ma cuirasse d’or éclatant, je reluis.

Apprends donc, Voyageur frivole, qui t’amuses
De mes chants continus et stridents, que je suis
Non moins chère à Pallas que je suis chère aux Muses.