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Page:Gille - La Cithare.djvu/188

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Lassé de la chasse, en l’herbe il repose,
Près d’une fontaine aux ondes d’argent,
Qui, sous le lentisque et le laurier rose,
Offre aux papillons son miroir changeant.

Ni les chevriers hardis, ni les fauves,
Ni les doux chevreuils n’ont souillé ces lieux :
Dans son lit bordé d’iris et de mauves
La source a toujours reflété les cieux.

Mais, dans le massif, la brise, pareille
Au rire d’un dieu frivole, a frémi,
Et soudain l’enfant charmé se réveille,
Dans l’ombre entr’ouvrant son œil à demi.

Il regarde ; il rit. — La grenade mûre
Est moins rouge encor que sa lèvre en fleur…
D’un proche taillis s’élève un murmure
Plus doux que le chant du merle siffleur.

Il s’est redressé ; voici qu’il s’approche
De l’endroit d’où part la fraîche chanson ;
Il a découvert au pied de la roche
L’eau vive qui court parmi le cresson.