Ta clarté m’éblouit, et mon âme se plonge
Dans les pures splendeurs du royaume idéal.
Tu fus mon seul amour, et mon chant nuptial
Pour toi seule vibra dans la forêt sauvage.
La fraîcheur de ton souffle emplissait le feuillage
Quand je passais, humant l’air salubre des bois,
À travers les halliers frissonnants, aux abois
De mes chiens vigoureux. À moi tu te révèles
Dans les taillis épais pleins de clartés nouvelles ;
C’est toi qui, lorsque l’aube éveille les oiseaux,
Lances des flèches d’or parmi les verts rameaux.
Tu rôdes en ces lieux, et pourtant invisible ;
Tu m’appelles : j’entends ta voix douce et terrible ;
Tu hantes les vallons où je reviens m’asseoir ;
Partout je te devine, et ton ombre, le soir,
Entre les roseaux noirs glisse le long des berges.
Salut, ô la plus belle entre toutes les Vierges,
Artémis, au grand front d’ivoire, aux larges yeux
Où triomphe l’azur resplendissant des cieux !
Fille auguste de Zeus ! rempli de tes pensées,
Je dépose à tes pieds les fleurs que j’ai tressées
Sur les monts inconnus des pasteurs, dans un champ
Que jamais n’a souillé la faux de son tranchant,
Où, loin des vils troupeaux, seule, l’active abeille
Butinait au printemps l’anémone vermeille.