Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/160

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vingt ans provincial de Lombardie, et remplit avec honneur d’autres charges importantes[1] ; enfin Nicolas IV le nomma évêque de Gênes. Après sept années d’un ministère zélé et pacifique, il mourut plein de bonnes œuvres, en odeur de sainteté, l’an 1298, vers l’âge de soixante-dix ans.

Son livre — le livre admirable qui reçut tout de suite le nom de Légende dorée, — doit être une œuvre de sa jeunesse, avant l’époque où Jacques fut absorbé par les affaires et par l’apostolat. On peut le dater à peu près de 1260[2]. Il ne faut pas se tromper au titre de Légende. Ce mot ne signifie nullement une fable, mais une histoire, un livre de lecture. L’auteur ne prétend pas faire œuvre originale. Il donne son « opuscule » pour une compilation, pour une simple besogne de vulgarisateur, faite en vue de répandre, de mettre à la portée de tous ce qui est contenu, sous une forme plus savante, dans les ouvrages spéciaux, les répertoires des érudits. Jamais il ne manque, avec une humilité édifiante, de mentionner ses sources, et ce sont les meilleures qu’on connût de son temps, Isidore de Séville ou Pierre Comestor, Bède le Vénérable, et jusqu’au traité tout récent de maître Jean Beleth. C’est toujours, on le voit, le grand esprit du siècle, ce génie ennemi des castes et des mandarinats, ce besoin de laïciser, de divulguer la science, et de faire participer chaque jour plus de convives à la vie supérieure de l’âme et de l’intelligence, de la poésie et de la vérité.

Mais on dirait que l’auteur ne se doute pas de ce qui

  1. Il fit notamment preuve d’une grande fermeté au chapitre de Ferrare, en 1290, dans l’affaire du général Munio de Zamora, dont le pape avait prononcé la déposition. Jacques refusa de notifier le décret à l’assemblée. C’est quelques mois plus tard qu’il fut nommé évêque, par le même pape auquel il avait résisté.
  2. Il est antérieur à 1267. Dans la Vie de saint Dominique (ch. cxiii), il est question de l’ouverture du tombeau ; mais il n’est pas parlé de la translation définitive, qui eut lieu en 1267 (Voir plus haut, IIe leçon).