opposé, il a peint des scènes de la vie de saint Dominique et de saint Pierre Martyr. La Passion de Jésus se continue par les travaux de ses Prêcheurs ; leurs mérites contribuent à l’œuvre de la Rédemption. On entrevoit l’idée qui supporte l’économie entière de l’ouvrage, à savoir que l’ordre dominicain est la forme accomplie de l’existence chrétienne[1]. C’est ce que les deux fresques suivantes proclament avec un redoublement d’éloquence et d’autorité.
Ces fresques, les plus célèbres qu’il y ait à Florence, forment comme un grand diptyque de la vie dominicaine sous sa double face idéale et réelle, théorique et pratique. Elles découlent ainsi comme une double conséquence des deux compositions qui les dominent à la voûte. Sous la Descente du Saint-Esprit, est figurée avec une pompe nouvelle la scène du Triomphe ou de la Dispute de saint Thomas. C’est le tableau de Pise enrichi, étendu aux proportions de la muraille et, du format du chevalet, s’élevant au style monumental. Cette page d’un rythme grandiose se déroule, comme la Dispute de Raphaël, sur un espace à deux étages. Dans les hauteurs, sur une ligne de stalles magnifiques, siège le chœur des prophètes, des apôtres et des évangélistes ; au milieu, sur un trône élevé, préside saint Thomas, sa Somme ouverte sur les genoux, et tenant enchaînés comme des esclaves captifs les hérésiarques Arius, Sabellius et Averroès. Au-dessus de sa tête flotte l’essaim des Vertus ; d’abord et le plus haut, plane celle que l’Apôtre appelle la plus grande. Elle vole, la tête environnée de flammes ; des flammes s’échappent de ses mains. Cette figure embrasée, prémice des dons de l’Esprit, nous dit que le premier mot de la science et le dernier, est : amour.
- ↑ L’artiste n’a cependant pas oublié saint François. Il figure dans le Paradis au rang supérieur des élus, à côté de saint Dominique.