NEUVIÈME LEÇON
LA FIN DE LA RENAISSANCE ET LA RENAISSANCE
CATHOLIQUE
Le carnaval de 1511 fut célébré à Florence par une mascarade singulière. Sur un char immense, drapé de noir, attelé de quatre buffles noirs, s’avance la figure colossale de la Mort. De sa faux, brandie comme un sceptre, elle semble garder un amas de cercueils. Des pleureurs escortent le char. D’autres portent des torches, et ceux-là sont terribles, la tête enveloppée d’un casque de scaphandre fait d’un double masque de mort. Devant et derrière, chevauche l’escadron de la mort sur des chevaux étiques et harnachés de deuil ; chaque cheval est conduit par quatre écuyers revêtus d’une livrée funèbre. À chaque station du cortège, mugit une fanfare sinistre. Les cercueils s’ouvrent et on en voit sortir les morts, en maillot noir, leurs os peints en blanc sur le noir du maillot. À un geste du porte-faux, comme au signal du chef d’orchestre, les macabres acteurs psalmodient une