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NEUVIÈME LEÇON

LA FIN DE LA RENAISSANCE ET LA RENAISSANCE CATHOLIQUE


Persistance du sentiment chrétien en Italie au xvie siècle. Progrès des ordres mendiants. — I. Influence de Savonarole sur l’art florentin. Vogue des représentations douloureuses. — Frá Bartolommeo. Michel-Ange. — II. L’école milanaise. Ses rapports avec l’art du Nord. Influence des gravures allemandes. Les mendiants et la presse. — Gaudenzio Ferrari et le Sacro Monte de Varallo. — III. Autres artistes chrétiens du Nord de l’Italie ; Moretto, Lorenzo Lotto. — La peinture vénitienne. Véronèse et l’Inquisition. — IV. La Réforme et le Concile de Trente. Réaction contre le paganisme. — La nouvelle querelle des images. Molanus. La fin de la Renaissance.


Le carnaval de 1511 fut célébré à Florence par une mascarade singulière. Sur un char immense, drapé de noir, attelé de quatre buffles noirs, s’avance la figure colossale de la Mort. De sa faux, brandie comme un sceptre, elle semble garder un amas de cercueils. Des pleureurs escortent le char. D’autres portent des torches, et ceux-là sont terribles, la tête enveloppée d’un casque de scaphandre fait d’un double masque de mort. Devant et derrière, chevauche l’escadron de la mort sur des chevaux étiques et harnachés de deuil ; chaque cheval est conduit par quatre écuyers revêtus d’une livrée funèbre. À chaque station du cortège, mugit une fanfare sinistre. Les cercueils s’ouvrent et on en voit sortir les morts, en maillot noir, leurs os peints en blanc sur le noir du maillot. À un geste du porte-faux, comme au signal du chef d’orchestre, les macabres acteurs psalmodient une