DEUXIÈME LEÇON
LES ÉGLISES DES MENDIANTS
Saint François d’Assise mourut à Sainte-Marie-des-Anges, dans la soirée du 3 octobre 1226. Ce soir-là, Assise illumina. « Nous aurons ses reliques ! » répétait la foule en délire. Et tandis que les frères, dans la cabane de la Portioncule, gémissaient et veillaient autour du lit funèbre, toute la nuit, là-haut, se passa en réjouissances sauvages.
Comprenons qu’au XIIIe siècle, un saint en vie est moins que le saint enterré. Le mort est à l’abri des rechutes, des hasards. Ce qui vit échappe sans cesse. La relique est un gage, une hypothèque sur la volonté du défunt. Pour une cité, rien ne valait un de ces talismans. Quand sainte Élisabeth mourut à la Marbourg, le peuple se rua sur sa dépouille fraîche : ses oreilles furent arrachées, des femmes lui coupèrent l’extrémité des seins. Ce carnage était de l’amour.
Un fait rendit Assise encore plus jalouse de garder saint François. Je laisse la parole à Élie de Cortone,