apportés, le roc funeste fut changé en pierre salutaire, et le coteau de l’Enfer devint le coteau du Paradis.
Ce n’est pas la seule légende qui avait pris naissance sur la tombe de François. Lors de la translation de ses restes en 1230, sur le chemin de la cathédrale à la nouvelle église, il se produisit un coup de théâtre : le convoi fut attaqué et, dans le tumulte qui suivit, le cercueil disparut. L’histoire est restée très obscure. Tout le monde accusa Élie. Il voulait connaître seul le lieu exact de la sépulture, afin de soustraire les reliques à toute tentative de rapt ou de recherches. Sur ce fond dramatique, la fiction populaire jeta sa riche broderie. Sous les deux églises, disait-on, il en existait une troisième, profonde, mystérieuse, souterraine, dont l’accès n’a été connu que d’un petit nombre d’initiés, qui n’ont jamais parlé. Là, le saint d’Assise demeure, non pas étendu, mais debout, immobile, vivant, baigné d’une lueur surnaturelle, la corde aux reins, les yeux au ciel, dans une perpétuelle extase, saignant éternellement de ses membres stigmatisés. Le mystérieux revenant n’a été visité que de quelques personnes, la dernière fois par Pie V, accompagné de deux cardinaux, qui n’ont pas révélé le secret. En 1818, des fouilles furent exécutées sous le pavé de l’édifice. Le corps du saint fut découvert sous le maître-autel, encastré à cru dans la roche, comme il l’avait voulu, et comme Dante l’avait dit :
Nel crudo sasso intra Tevere ed Arno.
On se rappela la vieille fable. Pour qu’elle n’eût pas tort, une crypte fut creusée sous l’autel. On réalisa la légende : on eut une poignée d’ossements dans un caveau funèbre, à la place du fantôme ardent qui vivait en silence dans le sanctuaire du cœur.
Les deux églises du XIIIe siècle sont fort belles.