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Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/102

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trouve de doux mots allemands pour bercer son agonie.

Quand le râle cesse, elle ferme seulement d’un doigt expert les deux yeux durs qui la regardent toujours. Les paupières en sont soyeuses comme celles de son enfant soldat, là-bas…

Un beau gars, un peu muscadin, mort pour la patrie, offert par sa mère, sans doute, comme elle offre son garçon…

Elle s’était offerte aussi : la patrie l’a gardée.

Et elle reste à genoux, les yeux calmes et le cœur tranquille, à veiller les cadavres, dans le grand silence d’amour de la nuit d’été.