Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IL NEIGE


À M. L. G. Jourdain, Amicalement.


La forêt maladive agonise en sa gloire.
L’automne a fui… L’hiver envahit les grands bois
Et sème dans nos cœurs cette joie illusoire,
Pleine du souvenir des choses d’autrefois.

Les sentes, les coteaux, tout est d’un blanc d’albâtre.
Une ouate au ciel gris s’abat sur les étangs.
Aux ravins, par les prés.    Il fait bon près de l’âtre
Écouter de grand’mère un conte du vieux temps.

Le vent hurle sa plainte aux angles des toitures,
Dans les bouleaux jaunis et les grands sapins noirs
Dont les sommets tangués, ainsi que des mâtures,
Bercent les nids mourants dans l’angoisse des soirs.

C’est la première neige. Elle tombe sans trêve
Menue, éparse et folle au vent capricieux.
Elle couvre sans bruit les chemins et la grève,
Les pâtis, les ruisseaux : tout est silencieux.