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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/149

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LE VIEUX PÊCHEUR


Barbe blanche en collier, pipe aux lèvres, chapeau
De paille aux larges bords qui du soleil protège,
D’un regard attentif il suit le frêle liège
Par l’onde ballotté : tel au vent, le drapeau.

Placide, un long roseau près de lui sous un siège,
Il siffle, et l’on dirait quelque chant de pipeau.
Sur la rive, meuglant s’en vient boire un troupeau ;
Un canard baigne au loin son fin duvet de neige.

Soudain, l’homme a surpris le geste du flotteur.
La corde alors se tend, va, vient, sous l’eau s’enfonce :
Flic… ! Floc… ! C’est une truite… ! Oh ! quelle pesanteur… !

Et quand, le crépuscule à l’horizon s’annonce,
Le vieux pêcheur portant sur le dos son poisson,
Regagne sa chaumière à travers la moisson.