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SUR L’AIRE


Du blé — c’est le don cher à l’existence humaine !
Torse nu, reins courbés, un couple de batteurs
En face l’un de l’autre, ainsi que des lutteurs,
De l’aire ensoleillée occupe le domaine.

Le grain des tiges d’or, sous les fléaux bretteurs,
Se détache, bondit comme en quelques fontaines,
Crépite et luit l’averse en gouttes par centaines ;
Le vent qui passe est plein de grisantes senteurs.

À l’entour des batteurs, sur le seuil de la grange,
On voit, parmi la paille où rien ne les dérange,
Les coqs, à coups d’ergots défendent leur butin.

Ainsi, sentant la faim qui toujours le dévore,
— Pour avoir du Très-Haut méconnu le destin —
Oh ! que l’homme devra peiner longtemps encore !