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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Mais bien que le sommeil penche leur front hâlé,
Sur leur large poitrine où pend quelque médaille,
Dans l’ombre agenouillés et face à la muraille,
Ils s’inclinent devant un Christ tout maculé.

Et pendant qu’une femme invoque en ses prières
La clémence de Dieu pour les chers trépassés,
Un vieux chapelet roule entre leurs doigts gercés,
Et sa croix de métal rougeoie aux flammes claires.

Puis, avant que la nuit, avec un soin jaloux,
Ne plonge dans son sein les êtres et les choses,
Ils vont, d’un geste ému, baiser, lèvres mi-closes,
Ce Christ qu’ont embrassé tous nos chers morts, à nous