Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
LES GUÉRÊTS EN FLEURS
« Ils n’ont pas convolé, tu sais ! »
S’exclame Suzanne Corbeille.
« Hélas ! de trop près Grandpré veille,
« Sur sa fille et sur son gousset ! »
Et bientôt du fond de « l’allonge, »
Des rires fusent, des chansons
Exaltent les blondes moissons
De l’été fuyant comme un songe.
Assis en rond, les visiteurs
Se lancent, qui mille fleurettes,
Qui, barbes de blé-d’Inde, aigrettes
Aux vives et chaudes senteurs.
« À moi ! l’épi rouge, » dit Pierre.
Et, devant tous les paysans,
Il agite en ses doigts pesants
Ce rare produit de la terre.
Et l’on échange sans détour,
Au milieu de ce verbiage :
Légers, des mots de badinage ;
Graves et doux, des mots d’amour.