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Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/96

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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Leur chemise entr’ouverte offre aux baisers du soir
Leur poitrine velue.    Ils marchent du pas drôle
Des marins en retraite : et leur faulx sur l’épaule
Sans cesse se balance ainsi qu’un encensoir.

Et la nuit vient. Et l’ombre amoncelle et fait naître
D’autres ombres. Les yeux cherchent en l’incertain ;
L’oreille est aux aguets de quelque bruit lointain.
De la trêve, c’est l’heure, et l’instant du bien-être.

Les entours des maisons ont un aspect méchant !
L’âme se sent plus triste, et des songes étranges
Peuplent parfois l’esprit, quand, survolant les granges,
Un hibou lance au ciel son cri rauque et tranchant.

Et durant que tout dort sur les hauteurs pensives,
— Tels des fantômes blancs drapés dans leurs linceuls —
Sur les cordes, l’on voit, cadavéreux et seuls
De grands linges sécher au sortir des lessives.