100 LE MÉLODRAME
passionné pour les belles choses, vivant en un intime commerce d'amitié avec des esprits distingués.
Ce Pixerécourt que l'on ne connaît guère, une fois qu'il en a fini avec ses répétitions, qu'il dirige tou- jours lui-même (il recommande quelque part aux au- teurs de ne confier à personne la mise en scène de leurs ouvrages), rentre dans son appartement de la rue du Sentier, ou regagne sa maison de campagne de Fontenay-sous-Bois — .qui a été naguère celle de son ami Dalayrac. — Alors, là, il oublie les aventures ex- cessives, le crime, qu'il punit, et la vertu qu'il récom- pense, pour des travaux délicats : il prépare cette édi- tion des œuvres inédites de Florian, qu'il a patiem- ment recueillies (1), ou il écrit des commentaires d'éru- dit sur l'édition de Molière donnée par Bret au xvin^ siècle et sur la scène du Pauvre de Don Juan ; ou encore il traduit Kotzebue, Ziegler, Meissner, d'au- tres écrivains allemands, ou il restitue des fragments ignorés de Sedaine. Chercheur infatigable, curieux qui a deviné bien des courants de curiosité, il a sans doute trouvé dans sa journée quelque tableau, quelque estampe, quelque précieux autographe, quelque volu- me rare, qu'il munira de documents s'y rapportant, avant de le faire noblement habiller par le relieur, ou quelque objet de valeur, car il a le goût du bibelot, goût assez neuf, en un temps où on n'a point accou- tumé de décorer un logis de mille ornements impré- vus, en quoi il est une manière de précurseur.
Homme d'ordre, et poussant l'ordre jusqu'à la minu- tie, il classe de nouveau les pièces de cette collection de placards, de brochures, de pièces de la période révo- lutionnaire, dont il n'a rien laissé échapper, et qu'il cédera à la Chambre des Pairs. Ou il' vient s'arrêter avec tendresse devant une des toiles qui constituent sa
(1) Œuvres inédites de Florian, Théâtre, Romans, Mélanges. 4 voL chez Boutland, 12, rue du Battoir-Saint-André, 1824.