LE MÉLODRAME 187
Childebrand, dissimulant sous une robe d'ermite sa no- ble personnalité, les vivres que lui envoient les gens du village voisin..
Colas. — Mon père, vous avez été bien long à m'ouvrir !
Childebrand. — Je m'étais assoupi un instant.
Colas. — Vous avez donc le sommeil bien dur ?
Childebrand. — Que veux-tu ! Quand on a tant de cha- grins, tant d'inquiétudes !
Colas. — Vous, mon père, des chagrins !
Childebrand, à part. — Ah, Ciel, j'ai failli me trahir ! {Haut) Non, c'est que je plaisante... Ne m'interroge pas.
Colas. — .Te ne vous dis rien.
Childebrand. — C'est en vain que tu me presses pour sa- voir la cause de mes chagrins.
Colas. — Moi ! Je ne vous presse pas du tout.
Childebrand. — Mon secret mourra avec moi.
Colas. — Grand bien vous fasse. Parlons d'autre chose.
Childebrand. — Eh bien, je me rends à tes vives instances. Tu vas tout savoir.
Colas. — Non, ce n'est pas la peine ; d'ailleurs, je suis un tantinet bavard.
Childebrand. — Je veux que tu saches, moi... Mon cœur a besoin de s'épancher... Il est si doux pour les infortunés de voir compatir à leurs maux les cœurs sensibles...
Colas. — Depuis trois ans que je vous vois tous les jours, vous ne mavez jamais parlé de rien...
Childebrand. — Comme c'est un secret de la plus haute importance, j'attendais exprès un jour où il y aurait beau- coup de monde ici... Tu as sans cloute entendu parler du fa- meux comte Childebrand ?
Colas. — Jamais de la vie !
Childebrand. — J'étais .siir que tu le connaissais... Mais, peut-être, ne sais-tu pas tous les détails de ses oFfreux mal- heurs ?
Colas. — En voilà la première nouvelle.
Childebrand. — Tant mieux, mais quand tu les aurais sus, je te les aurais tout de même racontés. yXpprends donc que le comte Childebrand est devant tes yo\\\.
Colas. — Où donc ?
Childebrand, ouvrant fia robe et laissant voir un habit de chevalier. — Le voici !
Cette exposition ne diffère pas très sensiblement des expositions présentées sérieusement, et là est l'agré- ment de cette plaisanterie. Kb, mon Dieu ! l'histoire