Aller au contenu

Page:Ginisty - Le Mélodrame, Michaud.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XI

La vie théâtrale au temps du mélodrame. — Le public. — L'heure du spectacle. — L'Ambigu. — La Porte-Saint-Martin. — La Qaîté. — Les acteurs. — Les doyens. — Tableaux de troupes. — Le prix des places. — Les débuts de Marie Dorval.

POUR replacer le mélodrame dans son cadre, il faut essayer de ressusciter, dans leur physionomie in- time, les théâtres où il régna, la vie de la scène et de la salle. Ces salles ont des prétentions architectura- les, mais elles ont été légèrement construites; elles n'of- frent qu'une proie trop facile à l'incendie qui les dévo- rera ; elles sont tôt devenues poussiéreuses, elles sont d'un accès difficile et resserré. Mais la foule s'en ac- commode, et ne songe point trop à ses aises ; le pitto- resque et charmant tableau de Boilly (1), la montrant, bataillant à la queue, pour conquérir les premiers rangs, dit éloquemment sa passion du spectacle. Cette passion fait passer par-dessus bien des menus incon- vénients. « On s'en aperçoit, dit un voyageur qui note ses impressions, à l'air azotique qu'on respire en arri- vant (2). » Mais les émotions se communiquent plus fa- cilement dans ce public étroitement parqué, et il a vraiment une âme.

Au moment où nait le mélodrame, c'est Corsse qui est le directeur de l'Ambigu, étalant sur le boulevard

(1) Voir page gravure de la page 33.

(2) Meyer, Fragments sur Paris, 1798.