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Page:Ginisty - Le Mélodrame, Michaud.djvu/61

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LE MÉLODRAME 55

HoGER. — Elle ne l'a point fait.

Victor. — N'importe ! Les punir autrement est un assas- sinat...

HoGER, avec impatience. — Mon fils !

N'iCTOR. — Quoi ! sans autre droit qu'un horrible caprice, qu'une criminelle ambition, vous allez ravager leurs terres, dévaster leurs campagnes; la crainte et l'effroi volent devant vous ; le feu, le sang, le carnage et la mort vous suivent et vous accompagnent... ah ! Roger, quand même on les eut égarés, ce n'est point en les égorgeant qu'on ramène les hommes !

HcGER, cVun ton ferme. — C'est assez,

Victor, à part. — C'en est fait, ma Clémence, je te perds pour jamais.

Mais la Providence est là pour dénouer la situation. Les troupes lancées à la poursuite de Roger finissent par l'atteindre et il est blessé à mort. Avant de ren- dre le dernier soupir, il demande son fils, qui arrive accompagné du baron de Fritzerne et de Clémence. Et Roger fait une fin édifiante.

HoGER. — J'ai voulu te voir à mes derniers moments, mon hls. J'ai voulu te faire l'aveu des crimes que j'ai vainement cherché à te déguiser par les systèmes les plus faux et les plus dangereux. {Au baron) : Vous, à qui je dois le bonheur d'avoir vu mon fils et qui l'avez préservé de la séduction et des crimes auxquels m.on exemple aurait pu le porter, vous qui mérit-ez seul d'être nommé son père, ne l'abandonnez pas ; oubliez le sang dont il sort pour ne se souvenir que de ses vertus... Consentez à l'unir à votre fille. Combien &a douleur m'avait ému ! Ah ! si la mort n'était pas venue m'ar- l'acher à Utui ce que j'aime, Roger aurait pu le forcer, peut- être, à m'estimer, Clémence aurait pu, sans rougir, se nom- mer ma fille... Adieu, Victor, n'oublie jamais mon exemple, mas remords... Que ce triste moment soit sans cesse présent à ta pensée, et qu'il te rappelle qu'il est une heure suprême où le coupable ne peut plus se faire illU!;oin sur ses crimes !

C'est la moralité qui ne manquera jamais dans la lirade suprême des personnages de Pixerécourt, et qui dégagera la leçon de Toiivrage.

Les pièces vont dès lors se succéder fiévreusement jusqu'à cette Cœlina, qui codifiera, en quelque sorte, les lois du mélodrame. C'est, au Théâtre Montarisier,