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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/118

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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

vent à sa poésie de parure et de soutien. » Ce n’est pas se faire une idée juste d’un Grec éclairé de ce temps, que de croire qu’il n’y a pas pour lui de milieu entre l’indifférence et une adhésion complète à l’un des systèmes philosophiques ou religieux qui sont alors dans leur force. Jamais les Grecs, ni en religion ni en philosophie, n’ont été esclaves de la lettre ; l’idée d’orthodoxie, qu’on veut introduire ici, n’est pas antique. Ce qui est vrai et bien remarquable, c’est ce mouvement commun de pensée philosophique et d’émotion religieuse qui se produit alors de l’orient à l’occident du monde grec. Phérécyde, Xénophane, Pythagore, bientôt Empédocle, exposent sous des formes diverses leurs spéculations inspirées ; en même temps l’orphisme se développe, et, sous l’inspiration de son dieu, spiritualise les mystères d’Éleusis. Sans être éléates, ni pythagoriciens, ni adeptes déclarés de l’orphisme, beaucoup arrêtèrent volontiers leur esprit sur les diverses solutions qu’on donnait de tout côté au problème de la destinée humaine, et surtout partagèrent la préoccupation émue des penseurs qui se dévouaient à ces recherches : des poètes et des artistes transportèrent jusque dans leur art ce noble souci qui s’était emparé de leur âme. Le premier à nommer est Eschyle ; le second est Pindare.

Pour conclure, si les croyances de Pindare sont