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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

Cette destinée d’un homme dont Épicharme fut peut-être le compagnon, donne une idée des périls, des aventures, des conflits d’ambitions et de perfidies dans lesquels était alors impliquée, en Occident comme en Orient, la vie d’un sage ou d’un penseur, quelque effort qu’il fît pour y échapper. S’il n’est pas certain qu’Épicharme ait accompagné Cadmus à Zanclé et partagé comme lui la fortune de la colonie samienne, il semble hors de doute qu’il était avec lui à Mégare, quand la ville fut prise et dépeuplée, et qu’avec lui aussi il fut transporté à Syracuse, où l’attendait de même la faveur du prince. Ce qui ne paraît pas moins sûr, c’est qu’auparavant il avait été en relation avec les pythagoriciens ou, au moins, qu’il subit profondément l’influence du pythagorisme. Or l’institution du pythagorisme est le témoignage le plus frappant des besoins moraux qui s’éveillèrent à cette époque.

S’il est une chose évidente au milieu des ombres dont l’imagination antique s’est plu à envelopper ce merveilleux philosophe, c’est que l’idée mère d’où sont sorties toutes les doctrines de Pythagore, c’est l’idée de l’ordre : l’ordre dans le monde, dans la vie politique, dans la vie morale, voilà ce qu’il prétendit découvrir ou créer. Il est vrai que tous les systèmes inventés par les philosophes antérieurs n’ont pas d’autre objet que d’expliquer les lois de l’harmonie universelle ; mais la théorie des