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LA PASTORALE DANS THÉOCRITE

l’on s’est inquiété du rapport des matières traitées, pourquoi la iiie ne précède-t-elle pas immédiatement la xie, qui est le développement mythologique du même thème, les plaintes d’un jeune amant rebuté ? Pourquoi enfin cette dernière n’est-elle pas plus voisine de la vie, qui a de même pour sujet les amours de Polyphême et de Galatée ? Ces questions, en prouvant que le hasard, ou tout au plus un simple souci de variété, a décidé de la succession des idylles dans le recueil, ont peut-être surtout le mérite d’indiquer un ordre pour les étudier. Il semble en effet assez naturel de commencer par les pièces les plus simples, en tenant compte de l’analogie et du rapport des sujets, et de terminer par celles où se reconnaissent un art plus savant et une délicatesse supérieure.

Il faudrait donc, dans cette étude minutieuse du détail que réclame un pareil poète, prendre d’abord la ive et la ve idylles. La ive, si vide au jugement de Fontenelle, si pleine auprès des siennes et surtout si vraie et si colorée dans sa simplicité rustique, n’a qu’un petit nombre de vers. Ce n’est qu’une conversation, qui marche au hasard, entre un bouvier et un chevrier mercenaires des environs de Crotone, de caractères différents, l’un naïf et doux, l’autre assez malveillant et agressif. L’état du troupeau du premier, des médisances sur ses maîtres, — un athlète et le vieux père que celui-ci a laissé