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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

sert à noter certaines beautés d’un caractère très alexandrin. Aujourd’hui, à défaut d’autre avantage, nous avons gagné la bonne habitude d’y regarder de plus près et de distinguer les dates. C’est ce qu’il y avait à faire pour la Médée des Argonautiques, et ce n’était pas manquer de respect à la mémoire de l’éminent critique que de reprendre à la lumière de l’histoire, et dans un esprit plus exact, un travail où d’ailleurs il avait fait goûter à tous une fois de plus la vivacité de sa sensibilité littéraire. Un excès de scrupule a empêché M. Couat de remplir complètement une tâche à laquelle l’ensemble de ses travaux le préparait mieux que personne. En restreignant trop son appréciation d’Apollonius, il a fait un sacrifice qui atteint son sujet dans le vif. Quel intérêt n’y avait-il pas pour lui à marquer nettement, dans l’œuvre capitale des alexandrins, tout entière conservée à notre étude, la nature et le degré de puissance de l’alexandrinisme !

La première chose à remarquer dans la peinture de l’amour de Médée, c’est son étendue ; elle remplit le quart du poème : presque tout le troisième livre, qui est placé sous l’invocation d’Érato, la Muse de la poésie amoureuse, et une partie du quatrième. N’y a-t-il pas là une disproportion ? M. Couat montre pour quelles raisons cette disproportion était inévitable. La légende des Argo-