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Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/51

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ÉPICHARME

dernes. « J’ai vu toute la ville ivre aux fêtes de Bacchus, » dit encore de Tarente un des interlocuteurs des Lois de Platon. Sur ces sortes de sujets le danger aujourd’hui pour la critique est d’atténuer. À distance, les mœurs s’effacent et ces exubérances disparaissent, tout se décolore et s’éteint, grâce à nos idées de régularité et aux préoccupations logiques des savants, qui enchaînent péniblement des faits à peine aperçus.

Les bouffons de la Grande-Grèce portaient le nom particulier de phlyaques (c’est-à-dire bavards), qui mérite d’être conservé, parce qu’il servit à désigner un développement postérieur de l’art comique chez les anciens. Il semble que les sujets des petites scènes qu’ils représentaient affublés de costumes grotesques aient été de deux sortes. Ou bien c’étaient des peintures chargées de la vie familière, où l’action très simple était soutenue par des observations morales, vivement lancées sous forme de proverbes et dans le dialecte populaire ; ou bien, et ceci portait plus particulièrement encore l’empreinte du goût local, c’étaient des parodies mythologiques. En Sicile, on cite les ïambistes de Syracuse, dont nous avons relevé l’analogie avec les phallophores de Sicyone. Enfin il faut rappeler qu’à Sélinonte, colonie de Mégare Hybléenne, un vieux poète, Aristoxène, presque contemporain d’Archiloque, s’était distingué par des poèmes ïambiques.