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ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

ses propres offrandes, mais elle avait été consacrée par un Syracusain nommé Lycortas : preuve vraisemblable de l’enthousiasme qu’avaient excité ses hauts faits. Tel était le personnage que la muse avait doué par surcroît du génie de l’invention comique. Les sept ou huit titres qui nous sont restés, Admète, Alcinoüs, le Sac d’Ilion, Persée, etc., annoncent des pièces à sujets mythologiques. Sa renommée chez les anciens n’avait pas égalé celle d’Épicharme. La seule chose qui lui soit attribuée en propre, — et c’est là ce qui nous fournit un indice sur le ton de la comédie de son rival, — c’est l’introduction du luxe dans l’appareil des représentations : l’usage de tentures en cuir couleur de pourpre, magnificence exagérée au jugement d’Aristote, et de longs et riches vêtements pour les acteurs, comme dans les représentations tragiques. Cet éclat extérieur s’accorde mal avec l’idée de pièces uniquement appropriées aux plaisirs grossiers de la multitude.

Dans notre ignorance de la vérité, il semble assez probable que les goûts luxueux de Gélon et de Hiéron ne furent pas étrangers à cette invention de comédies régulières que rendit possible le talent d’Épicharme et de Phormis. Les parodies mythologiques, aimées des Siciliens et des Italiens, prirent à Syracuse une forme plus digne de figurer dans des fêtes brillantes, sur ce théâtre qui avait