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LE GLAS



Il pleuvait depuis l’aurore. Bruine froide et monotone, prismée de temps à autre par des échappées de soleil.

Mais voici que la matinée maussade a fait place à une délicieuse après-midi de juin. Dans le ciel lavé, de larges trous bleus vont toujours en s’élargissant jusqu’à ce que les derniers nuages se soient entièrement effacés.

Les oiseaux, réfugiés dans la ramure épaisse, secouent leurs plumes humides, et prennent leur essor dans l’azur en saluant de leur gazouillis le nouveau sourire de la nature.

Rosalyne, le plus gracieux et le plus séduisant de tous ces oiseaux du bon Dieu, légère et heureuse comme un matin de printemps, venait de s’envoler de sa cage fleurie, avec la permission de la grand’mère indulgente pour l’orpheline.

Et maintenant, tournant le dos à Saint-Gabriel, elle suivait, sans hâte, le chemin de Saint-Damien, longeant le lac circulaire dont les flots d’argent frissonnaient comme sous de voluptueuses caresses.