Mme Beaudry (conciliante). J’en conviens : c’est malheureux pour les gens pauvres…
Lionel. — Oui, et les plus pauvres ne sont pas ceux qui le paraissent…
Mme Beaudry. — En fin de compte, que proposez-vous ?
Lionel. — Je proposerais une espèce de referendum par lequel tout citoyen et toute citoyenne gratifiés de l’âge de raison seraient appelés à dire si oui ou non ils sont en faveur de l’abolition du deuil.
Mme Beaudry. — Faudrait-il signer ?
Lionel. — Oh non ! n’oubliez pas le respect humain, car, alors, quatre-vingt-dix-neuf sur cent opteraient pour son maintien.
Mme Beaudry. — Et en ne signant pas ?…
Lionel. — Quatre-vingt-dix-neuf sur cent demanderaient l’abolition.
Mme Beaudry (compatissante). — Avec ces brillantes idées d’innovation, mon cher, je vous promets que vous allez vous couvrir de horions.
Lionel (très tendre). — Peu m’importe, Paule, si vous ne me flanquez pas à la porte…