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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/202

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Que j’en ai vu mourir ! L’une était rose et blanche
L’autre semblait ouïr de célestes accords ;
L’autre, faible, appuyait d’un bras son front qui penche,
Et, comme en s’envolant l’oiseau courbe la branche,
Son âme avait brisé son corps.


Ô poète, dors en paix !


(Il dépose l’éventail à côté du crâne et sort de la malle un buste de Pasteur.)

Le buste de Pasteur ! Voilà le dernier cadeau du jour de l’an que m’a fait mon père. Il espérait, sans doute, en me mettant constamment sous les yeux la figure de ce bienfaiteur de l’humanité, m’inspirer l’amour de l’étude et de la médecine. Excellente était l’intention et le présent a paru fort me faire plaisir. Mais, entre nous, cette binette du bonhomme Pasteur ne me dit absolument rien. Bien plus, lui dont le plus beau titre de gloire est de guérir de la rage, il ne fait que m’enrager, moi, avec toutes ses fioles et ses sérums. J’eusse préféré le cadeau moins dispendieux mais en espèces sonnantes.

(Il met le buste sur le lit et sort de la malle une chemise.)

Oh ! excusez. (Il rejette aussitôt la chemise dans la malle.)

(Marchant et s’arrêtant alternativement.)

Voyons ! quel est mon bilan depuis mon entrée à