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Page:Girard - Contes de chez nous, 1912.djvu/85

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Il y avait apparence de pluie.

— Superbe ! répondis-je, pour ne pas le contredire.

— Vous aimez le pays ?

— Délicieux !

Je voyais, toutefois, que le brave homme avait une question à poser qui lui brûlait les lèvres.

Je lui tirais ma révérence quand il dit timidement comme une chose honteuse :

— Êtes-vous engagé ce soir ?

— Comment le serais-je : j’arrive dans le pays.

Ses lèvres esquissèrent un sourire de contentement manifeste.

— Alors, dit-il, voulez-me faire le plaisir de venir chez moi ?

Bien qu’animé d’un mauvais pressentiment, je répondis :

— Avec plaisir.

Allez donc refuser quelque chose à un homme si gentil !…

Il n’y a pas à dire, pensai-je, les gens sont bien élevés dans ce pays.

Mais, diable ! il paraît que les bons joueurs de bridge sont bien notés.

Je ne saurais résister à la tentation qui me dévore de vous faire, en quelques coups de pinceau, le portrait de celui qui faillit devenir mon beau-père.

Je le vis venir de loin, et, sur-le-champ, sa vue me frappa. Il faisait chaud et, cependant, le petit gros homme qui s’avançait, avec la majesté d’un monarque,