Page:Girard - Disraéli, paru dans Le Monde illustré, 06 juin 1857.djvu/4

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Disraéli.

(the right honourable benjamin).


Le très-honorable Benjamin Disraéli, pour nous servir des formes courtoises de la gentry, n’appartient pas au vieux roc anglais ; il ne faut chercher son origine ni dans la grande alluvion normande, dont la strate aristocratique a recouvert, de ses dépôts victorieux les couches angles et saxonnes, ni dans ces couches, produits elles-mêmes d’invasions antérieures. Cette origine toute récente se trouve dans les sédiments les plus superficiels.

Sa famille est de race juive. Elle apparaît pour la première fois en Espagne dans le courant du dix-septième siècle. Elle en est arrachée par le vent des persécutions religieuses ; elle échappe aux cachots de l’Inquisition en se réfugiant à Venise. Cette algue hébraïque cherche en vain à s’attacher aux lagunes de la plage lombarde, il ne s’établit aucune adhérence entre elles ; cette famille espagnole, à qui la vivacité de ses croyances fait quitter le nom Gothic qu’elle avait porté jusqu’alors pour celui Disraéli, qu’elle écrivit d’abord d’Israéli, ne soulève dans ce pays, profondément catholique, qu’animadversion et répugnance. Elle y fonde une maison commerciale dont les spéculations prospèrent ; mais elle y trouve la fortune sans y rencontrer la sécurité. Elle sent, en 1748, qu’il