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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/114

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FLORENCE

— Bientôt les Anglais du colonel Gore seront ici. S’ils veulent continuer leur route, ils devront nous passer sur le corps.

— C’est bien, docteur, nous serons prêts. Vous commanderez à des hommes dignes de vous.

Hubert n’était pas un dévôt, un de ces rongeurs de balustres qui passent la moitié de leur vie dans un banc d’église et l’autre partie à déblatérer contre leur prochain. Mais, après avoir appris cette nouvelle, il avait communié. C’est ce qu’il faisait dans toutes les actions décisives de sa vie.

Le jeune homme sort à la suite du docteur. Il frappe à toutes les portes.

— Armez-vous, dit il aux paysans sur le qui-vive. Rendez-vous en face de l’église.

— Mais nous n’avons pas de fusils, pas de pistolets, pas de…

— Morbleu ! vous avez vos fourches, vous avez vos arbres. Un solide bâton et du courage, c’est tout ce qu’il faut pour anéantir une armée d’Anglais.

Hubert revient à l’auberge du Lion d’Or. Il y trouve tout le monde en larmes, excepté le vieux Prunel et Fanfan.

— Allons, mes bons amis, ne pleurez pas. Nous aurons bientôt raison de ces chiens d’Anglais !

— Dieu vous entende, dit la pauvre Alice en levant vers lui ses yeux pleins de larmes.

— Je t’en supplie, ne pleure pas ainsi ; tu me fais de la peine dit Hubert en passant sa main à travers les tresses soyeuses de la prime-sautière Alice.

Il monte à sa chambre, et détache du mur une longue épée que l’aubergiste avait mise à sa disposition.