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FLORENCE

À son insu, il a ralenti le pas. Soudain il sent une larme, qui un moment a perlé à sa paupière, tomber sur sa main. Revenu à lui-même, il lève la tête, et ne voit plus que quelques promeneurs.

Tous se hâtent de regagner leurs demeures.

Les ombres du soir descendent vite sur la terre à cette époque de l’année. Quelques étoiles font une à une leur apparition dans la ouate bleu-noir du ciel. Ce sont autant de reines rayonnantes de splendeur trônant au milieu des ténèbres de la nuit. Le vent se fait plus frais. Il secoue faiblement les branches grisâtres des érables, qui allongent leurs rameaux comme des bras chargés d’un riche butin.

Le jeune homme presse le pas.

Tout à coup, au détour d’une rue noire comme un four, il a entendu un cri déchirant « Au secours ! »

À cet appel suprême, Hubert, avec la rapidité du cerf qui franchit les montagnes poursuivi par le trait du chasseur, arrive à l’endroit d’où est parti ce cri désespéré. Et là, que voit-il ? Une jeune fille se débat sous l’étreinte passionnée d’un vaurien. Le jeune homme sent se décupler ses forces. Sous l’empire du courroux et de l’indignation, il saisit la brute par le cou, comme dans un étau, il le force à lâcher prise, et lui dit d’une voix qui imposerait silence à toute une populace ameutée :

— À genoux, âme vile, et fais tes excuses à cette jeune fille !

— Jamais !

— C’est ce que nous allons voir.

Et Hubert, dont le sang bouillonne dans les veines, prend le malfaiteur par les deux épaules et le force à