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II

JEAN DRUSAC


Jean Drusac était originaire de Normandie.

Après le collège vint la cléricature, puis le notariat. Il se livra à cette étude avec ardeur. Cela dépendait plus de sa cupidité que de son amour du travail, du désir de s’instruire ou de la plus noble de toutes les ambitions : la gloire, cette ambition, partage des âmes magnanimes qui échangeraient toute leur fortune, qui donneraient leur vie même pour voir leurs noms inscrits dans le livre d’or de la postérité.

À trente ans, il songea à se marier.

Il fut guidé dans ce choix, comme dans le reste de ses actes même les plus décisifs, par l’argent. Son but était de parvenir aux richesses, coûte que coûte. Là tendaient tous les efforts et de son intelligence et de ses intrigues.

Entendre le son métallique des pièces d’or et d’argent vibrer harmonieusement à ses oreilles ! voir les billets verts s’aligner en piles devant lui ! plonger ses mains avides dans un monceau d’écus qui laissent un froid dans les mains mais un chaud au cœur ! Quel rêve !

Partant, tout moyen lui semblait bon. Il pensait, en se frottant les mains et en clignant de l’œil : « la fin justifie les moyens. »

Cet amour excessif de l’argent, il l’avait sucé avec le lait maternel. C’est ce qui le poussa à ce mariage réservé aux âmes basses : un mariage d’argent.