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FLORENCE

manière de passe-temps et pour travailler à ces mille riens qui donnent un cachet d’élégance féminine à un foyer. Mais la misère venait de montrer un pan de son manteau à la fenêtre. Elle venait, de ses poings décharnés, de frapper à la porte.

La pauvre femme ! On la rencontrait par des temps d’orage, grelottant sous une mauvaise mante. Où allait-elle ?

Demander à quelque bourgeoise, autrefois de ses amies, de l’ouvrage pour se chauffer et se nourrir. La nuit la surprenait penchée sur son travail. Pâle, les yeux cernés de bistre, les doigts piqués, usés et bleuis par l’aiguille, elle luttait et priait.

Mais ce genre de vie était au-dessus de ses forces. Chaque heure de travail creusait sa tombe. Un beau matin, elle s’alita.

Sur le bord du tombeau, elle reçut de Dieu comme un soulagement, et une consolation de ses derniers moments, une héritière de ses vertus. C’était Florence.

Elle serra entre ses bras amaigris ce petit paquet de chair rose, qu’elle contemplait avec des yeux ravis et obscurcis par les larmes. Puis elle le présenta à son mari, avec un regard indicible qui implorait la pitié pour ce petit être.

Et elle mourut.

Son âme s’envola dans les régions éthérées du bonheur qui ne finit pas.

Cette mort si triste et si prompte avait dessillé les yeux de Jean Drusac. Il ne voulut plus rester dans un pays qui avait vu les débuts d’une carrière si mal commencée. Il rendit les devoirs suprêmes à sa