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FLORENCE

qui va voir son front couronné des lauriers du succès ce soir !

Florence, qui n’était plus de ce monde, laissa échapper un cri de surprise. Ses joues veloutées se couvrirent de pourpre. Elle eut peur que son père n’eût pénétré l’objet de ses pensées.

— Comment, père, vous voilà déjà ? fit-elle, en s’élançant au devant de lui, et en lui présentant son front.

— Comment, déjà ! Mais il y a une heure que je suis parti. Tu es flatteuse, toi ? heureusement qu’Annette n’est pas aussi rêveuse que toi, ma chérie. Sans cela, je le crains bien, nous serions souvent obligés de nous contenter de pain et d’eau, comme deux vertueux cénobites.

Il est six heures, Florence sonne la servante pour sa toilette. L’enfant de Me Drusac n’était pas orgueilleuse, moins encore coquette. Mais ce soir-là, elle voulait être belle, la plus belle. Son père le souhaitait, et en ressentirait un plaisir extrême.

Resplendir comme la lune au milieu des myriades d’étoiles qui pourtant scintillent avec tant de gloire dans le calme de la nuit, quel bonheur pour une jeune fille !

Il y avait aussi en elle ce sentiment inné chez la femme. La plus humble, même la plus pauvre, prise un bijou aussi haut que le pain qui la soutient.

Annette lui met une robe de satin blanc qui laisse apercevoir à l’œil émerveillé des épaules arrondies et d’une blancheur de lait. Ses bras semblent ciselés par le ciseau d’un Phidias. Le regard audacieux et impudique de cette tête de Vénus est remplacé par une