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FLORENCE

Tout vrai Canadien, s’en allât-il à la mort, doit être ponctuel et ne jamais se faire attendre.

Il prend son chapeau de feutre noir à larges bords et s’enveloppe de sa longue redingote, car la bise est glaciale. Hélant une calèche, dont les ressorts se lamentent comme un cobaye sous le couteau du boucher, il dit au cocher en partant :

— En haut de la rue Guy.

Après s’être fait rudoyer pendant une demi-heure, il descend de voiture, renvoie le cocher et dirige ses pas vers les hauteurs du Mont-Royal.


Le lieu de la rencontre était une clairière


Le lieu de la rencontre était une clairière. Le ciel était sombre, chargé de nuages.

Ceux-ci se poussaient les uns les autres comme un troupeau fuyant en désordre devant les menaces de la tempête.

C’était un de ces jours froids et venteux, pendant lesquels les grands arbres de la forêt font entendre des chants plaintifs. La nappe cuivreuse qui recouvre le sol glacé a remplacé sa toilette estivale. Les chênes robustes et les peupliers géants gémissent sous la poussée de la bise du Nord.

Ils font entendre un bruit sourd et confus comme celui des eaux tombant d’une cataracte ou bien comme celui des vagues en démence de la mer qui viennent se briser contre les récifs et les brisants, et lécher les galets du rivage de leur blanche et moutonneuse écume.

En arrivant, Hubert voit son second et le docteur avec sa trousse ouverte au pied d’un arbre, mais Gustave et son témoin n’y sont pas. Cinq minutes, dix