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Page:Girard - Florence, 1900.djvu/84

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FLORENCE

nouveau où, dans une sublime extase, nous oublions tout ce qui nous environne pour ne penser qu’à savourer cet enivrant nectar que nous buvons aux lèvres de la femme qui nous laisse tout étourdis et la gorge brûlante, avec un seul regret, que ce bonheur soit aussitôt fini que commencé, avec un seul désir, de retourner à la coupe enchanteresse aussitôt que son amoureuse ou capricieuse volonté nous le permettra ? Car, à peine avons-nous eu l’illusion rapide de notre disparition de la plate-forme boueuse, que déjà nous y sentons nos pieds plus rivés que jamais.

Hubert prononce des paroles si caressantes à la fille du notaire, qu’il lui semble entendre le souffle du zéphire agitant les branches des lilas en fleurs au printemps, ou le mélodieux murmure du ruisseau se faufilant à travers les roches en se mêlant à l’hymne du rossignol qui effleure l’eau verdelette et limpide du bout de son aile.

— Florence, dit-il, ma bien-aimée Florence, depuis que tes yeux se sont levés sur les miens, le ciel me semble plus pur, les ondes plus cristallines ; les astres, la nuit, brillent avec un éclat plus resplendissant, et les moindres actes de ma vie se changent en des moments sacrés et ensoleillés de bonheur, lorsqu’ils sont mêlés à ton souvenir, c’est-à-dire toujours. Florence, pour toi, fille chérie, je quitterais tout, même ce que j’ai de plus cher au monde. Pour un seul de tes sourires, je donnerais toute la gloire et tous les hommages qu’un mortel puisse ambitionner.

« J’abandonnerais tout, excepté l’honneur.

« Avec toi, Florence, j’irais m’ensevelir dans les régions les plus stériles et les plus sauvages de la