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FLORENCE


VIII

DERNIERS BEAUX JOURS


L’aurore commence à poindre à l’horizon.

Il a plu toute la nuit, mais la pluie a cessé. Un vent violent chasse les nuages qui se poussent les uns les autres comme une meute de chiens lancés à la poursuite du gibier. Les ormeaux et les bouleaux qui bordent la route de Saint-Denis gémissent sous l’effort du vent. Ils font entendre de sinistres craquements. La route est coupée de larges flaques d’eau.

Dans le ciel manganèse de grands oiseaux de proie s’enfuient en faisant planer mélancoliquement leurs ailes. Ils poussent des cris lugubres en se perchant un instant sur la cime altière d’un pin. Mais ils s’envolent aussitôt, et s’arrêtent de nouveau sur une autre cime. De là, ils cherchent une retraite au sein des sombres et mystérieuses forêts.

À part ces quelques vestiges de vie, tout dort dans la nature.


Seul un cavalier parcourt la route


Seul un cavalier parcourt la route. Il est monté sur un cheval gris qui semble exténué de fatigue. Son mors est blanc d’écume, sa robe ruisselle, ses naseaux fumants exhalent en spirales deux longues bouffées de vapeur.

Jeune, nu-tête, les cheveux au vent, le front entouré de bandages humides de sang et de pluie, le cavalier commande du geste et de la voix le pauvre animal qui n’en peut plus.