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FLORENCE

Quelques-uns en profitent pour voler un furtif baiser à des jeunes filles qui n’offrent qu’une résistance apparente. Au fond elles sont bien contentes.

Le calme se rétablit.

Mais voici qu’on entend des exclamations :

— Le blé-d’Inde rouge, le blé-d’Inde rouge ! Monsieur Rolette, à l’œuvre. Vite, ne perdez pas de temps !

Hubert est tout stupéfait. Les cheveux sur les yeux, le front dégouttant de sueur, il tient encore dans ses mains la pièce à conviction.

Cependant, bien que passionné pour les immortelles coutumes de nos campagnes dont il est follement épris, il n’en connaît pas tous les secrets. Loin de là !

Les brunettes et les blondinettes le regardent d’un œil moqueur. Elles le provoquent. Le grand’père et la grand’mère, assis dans un coin, l’un fumant, l’autre prisant, se regardent en clignant de l’œil.

Hubert a compris. Il fait le tour de la cuisine en donnant à chaque jeune fille rougissante et fière, le tribut demandé. Quelques gais compères murmurent entre eux :

— Est-il chanceux, celui-là, hein !

Hubert répond en lui-même : « Si elle était ici ! »

Tout à coup, la scène change. Les épis, dépouillés, scalpés, blancs et jaunes, prennent tous la route d’un chaudron, immense comme une chaudière de locomotive.

— Père Noé, holà le violon !

— C’est ça, le violon, père Noé !

Père Noé était le maëstro du village. Parfois son archet tremblait bien un peu, surtout quand… mais