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L’EPITAPHE

galant, bien fait de sa personne, et que l’on disait riche comme l’affluent de l’Hermus.

La beauté naïve de la petite Blanche, Blanchette comme on l’appelait, le frappa. Bien reçu, une première fois, il multiplia ses visites. Bref, il manigança si bien qu’il obtint sa main. La pauvrette, cette fois, n’était pas trop jeune pour se marier. Et cependant, Dieu sait, si je lui ai recommandé la prudence !

Le citadin se sauva dans sa grande ville, emmenant avec lui notre oiseau chanteur qui devait bientôt cesser de chanter.

D’abord, tout alla bien. Mais un soir, nous apprîmes que la malheureuse jeune femme était délaissée. Comprenez-vous, mon cher monsieur, délaissée après quelques mois de mariage. Blanche, qui aimait de toute la force de son bon petit cœur simple et pur, en ressentit une peine immense. Au mois de décembre dernier, il se donnait un bal princier dans la grande métropole canadienne. La jeune femme y assistait. Elle surprit son mari, à genoux aux pieds d’une femme engagée dans un flirt passionné.

Atterrée, elle se contenta de faire remarquer délicatement à son époux combien cette inconvenance lui faisait mal au cœur.

Pour toute réponse, le lâche lança brutalement, à la face de sa femme, cette insulte : « Laisse-moi, je ne t’aime plus ».