Page:Girard - Mosaïque, 1902.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
MOSAÏQUE

Pierre avait d’abord écrit à son père. Pas de réponse. Il écrivit alors à celle qui ne se montrerait pas insensible : sa mère.

Celle-ci lui parla de la maison, de Régine et des moindres détails de la vie de famille, qui, insignifiants pour tout étranger, sont d’un prix inestimable pour ceux qu’ils doivent nécessairement toucher de si près ?

M. Lefort avait d’abord fait demander Régine pour faire avec elle la partie de piquet. Au fond, il pensait retrouver en elle une partie de son fils, qu’il s’obstinait, aux yeux de tous, à regarder comme un étranger.

Le vieillard en était venu à nourrir une affection toute paternelle pour Régine Il voulut la voir tous les jours ?

Le père Edem ne parlait jamais de son fils. Une certaine fierté naturelle le lui défendait. Il voulait se montrer brave.

Au reste, il savait que les femmes en parlaient, elles.

Et alors, son plus grand plaisir était de s’asseoir, près de la table, dans la vaste cuisine au plancher jauni.

Là, il paraissait absorbé dans la lecture d’un livre.

Le lorgnant du coin de l’œil, les deux femmes voyaient bien que le pauvre vieux était parfois un quart d’heure arrêté à la même page. Un jour,