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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/26

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Rédemption.

Tandis qu’aujourd’hui, grâce à ce petit jeune homme, au nez en trompette, comme vous l’appelez, vous savez à quoi vous en tenir. Ce monsieur, moi, je le remercierais avec effusion du service qu’il vous a rendu.

— Jamais de ma vie, dit l’Anglais, avec amertume, je ne lui adresserai la parole à cette fille trompeuse. Tout est fini entre nous, tout, tout.

Réginald ne répondit pas. Seulement, il se demandait s’il devait ajouter foi à ces serments. « Serments d’amoureux ne sont que des mensonges », comme dit la chanson.

L’ « Admiral », dessinant un large demi-cercle sur la nappe si calme de la baie, allait accoster. Deux coups de sifflet retentirent dans l’air comme la voix enrouée d’un géant.

Ce cri guttural fut suivi d’une voix fraîche et impatiente qui appelait : Monsieur Costigan ! monsieur Costigan ! Pas de réponse. Monsieur Costigan ! répéta la même voix avec un timbre qui devait faire des ravages dans le cœur tantôt si résolu de l’Anglais. Son amie était devant lui. Elle le regarda ; c’en fut assez. Il se leva et, s’excusant auprès de Réginald, il suivit la jeune fille.

L’Anglais, qui avait juré de ne jamais la revoir, et elle, aux cheveux châtain-clair, s’en allaient bras dessus bras dessous. À la façon dont leurs têtes étaient penchées et leurs épaules rapprochées, ils devaient se dire des choses tendres.

Est-il possible pensa celui qui fuyait l’amour, que l’amour puisse rendre l’homme aussi bête et lui faire perdre tout respect de soi.

« Serments d’amoureux ne sont que des mensonges », comme dit la chanson.

Le steamer avait passé Maria, New-Richmond, Saint-Charles, Bonaventure, ce dernier endroit contrastant si étrangement avec certaines côtes escarpées de la Gaspésie que