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Rédemption.

matelots le rapide escalier en fer, à la poupe du steamer, en criant : biac, biac, biac.

Un contre coup annonçait que le steamer venait d’accoster en faisant entendre un gémissement.

Les touristes s’accoudaient au bastingage. Réginald ne bougea pas de son siège. Mais un retard fatal, retard qui devait lui apporter un grand bonheur et un grand malheur, changea son itinéraire : l’ « Admiral » devait rester une couple d’heures amarré au quai de Paspébiac pour prendre une cargaison considérable en destination de la Grande Rivière.

Le jeune homme avait beaucoup voyagé. Il prêta peu d’attention au débarquement et à l’embarquement des voyageurs, au déchargement et au chargement du tret, au bruit des diables descendant et remontant la passerelle, aux commandements accompagnés de jurons, aux embrassades des arrivants et des partants, aux propos des flâneurs et des curieux qui vont à toutes les arrivées de navires.


Quai de Paspébiac

Il était fasciné par la sublimité du panorama qu’il avait là devant ses yeux. Jamais plume, jamais pinceau n’avaient offert à l’admiration des artistes mi pays plus digue d’être chanté ou peint.

On était à cette heure où ce n’est ni le jour ni le soir, où le soleil couchant, par ses dernières projections lumineuses, étend une gaze d’or et de pourpre sur toute la nature, prêtant du mystère à ses beautés et adoucissant les angles de cette magnificence. Tout une flottille d’ambarcations de pêche