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Page:Girard - Rédemption, 1906.djvu/31

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Rédemption.

en cet endroit. Dans son ravissement, il n’avait songé qu’à la beauté du site sans se demander s’il pourrait y coucher. Aussi, une fois sur le quai, il fut un moment perplexe.

Avisant un petit bonhomme qui, les deux mains dans les poches de sa culotte trouée et les bretelles en sautoir sur sa chemise de flanelle indigo, regardait le chargement du navire, il l’interpella :

— Dis donc, mon petit, est-ce qu’il y a une hôtellerie à Paspébiac ?

Le bambin ouvrit de grands yeux sans répondre.

— Tu ne me comprends pas. Y a-t-il à Paspébiac une maison où je puis aller souper et coucher en payant ce que l’on me demandera ?

Le garçon eut un trait de lumière.

— Vous voulez dire une maison de pension, expliqua t-il. Si vous voulez, monsieu, j’men vas vous mener.

— Où est ta voiture ?

— Ma voiture ? J’en ai pas de voiture.

— Et mes malles, que vais-je en faire ? N’y a-t-il pas moyen d’avoir une voiture, enfin ?

Le garçon jeta un regard circulaire.

— Non, monsieu, dit-il, y avait qu’la voiture à Philippe Aspirot, et pis al est partie.

À la grâce de Dieu, pensa le jeune homme, je vais les laisser coucher à la belle étoile et les enverrai chercher demain, ou ce soir même si possible.

Puis s’adressant au garçon :

— Conduis-moi.

Après avoir franchi le pont, à l’entrée duquel était collée une affiche portant ces mots : « Marchez vos chevaux pour éviter l’amande », tous deux tournèrent à droite et suivirent la grande route jusqu’à une maison en bois de belle apparence.

— C’t’icite chez monsieu Ledoux le beufier, qui tient une maison de pension. Si vous voulez aller voir.