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Rédemption.

qui de loin ressemblait à une perchée de corbeaux monstres. À l’est de l’église, sur trois long bancs bout à bout, comme à l’école du village, des femmes et des filles caquetaient comme des pies.

Quand Réginald passa à travers cette foule, il entendit tout autour de lui des observations présentées à voix haute. On n’eut pas fait plus de frais pour un oiseau rare.

— Qui c’est ça ?

— Sais pas.

— Connais-tu ça toé ?

— Non.

— R’garde-moé don c’chapeau.

— D’où c’qui sort celui-là ?

— Tâche don d’savoir comment qu’il s’onpelle.

Le connétable, vulgairement dénommé le garde-chiens, parut sur les marches de l’église. Il ne prononça pas une parole, ne fit pas un geste, et cependant la foule s’ébranla et se dirigea vers l’entrée du temple. Tous les dimanches, la même scène se répétait. La cloche, on semblait ne pas s’en occuper, mais lorsque ce haut personnage du culte, le garde-chiens, faisait son apparition dans son uniforme ronge et blanc, le même uniforme semblait avoir drapé toute la succession des garde-chiens de Paspébiac depuis un quart de siècle, on entrait dans l’église pour entendre la messe.

Avec cette politesse du cœur qui caractérise les habitants de Paspébiac, un des paroissiens s’approcha de Réginald qu’il reconnut tout de suite pour un nouveau venu dans le village.

— Faites excuse, monsieu, dit-il, en enlevant son chapeau, mais si vous voulez une place dans mon banc, j’suis tout seul.

Le jeune homme remercia, et monta à la tribune de l’orgue. Suivi de tous les regards, il alla s’asseoir dans un banc reculé et poussiéreux, près de la boîte du connétable.