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Page:Girardin - Fausse route, 1897.djvu/32

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Le cheval du colonel.

Le personnage qui remplaça Croquemitaine, ce fut le cheval du colonel; un beau cheval blanc avec une abondante crinière, et une queue bien fournie qui tombait jusqu'à terre. Quand il piaffait et remuait la tête par un mouvement gracieux, il avait l'air si intelligent, que je croyais sans difficulté tout ce qu'il plaisait à Montézuma de me débiter sur son compte. Ce cheval, selon Montézuma, savait tout ce qui se passait, et le redisait au colonel.

« Tu ne veux pas manger ta soupe?

— Non, je ne veux pas manger ma soupe! Et puis après?

— Très-bien; le cheval du colonel le dira demain à ton père, au rapport! » J'aurais avalé ma soupe toute bouillante plutôt que de m'exposer aux révélations du cheval blanc. J'appris peu à peu, à mesure que Montézuma éprouvait de nouvelles difficultés à me faire obéir, toutes sortes de particularités effrayantes. Ainsi, le cheval mordait cruellement les petits garçons qui refusaient de se coucher à huit heures, qui donnaient des coups de pied à l'ordonnance de leur papa, qui ne voulaient pas se promener au