Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/149

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malheur. Aussi quand on n’a pas l’usage de ses deux bras, on est tout désorganisé.

Il prit la rue du Helder, qu’il continua jusqu’à la rue des Trois-Frères ; arrivé là, il entendit une fenêtre s’ouvrir au-dessus de sa tête — une jeune femme s’avança sur la balustrade tenant à la main un vase de fleurs ; c’étaient des fleurs d’automne, des roses du Bengale, des reines-marguerites, des chrysanthémum pourpres et blancs. Ces fleurs n’étaient plus fraîches, on allait les renouveler.

La jeune femme regarda de tous côtés.

— Personne, dit-elle, personne !

Et le monsieur invisible était sous la fenêtre.

— Personne !

Et puis elle jeta les fleurs dans la rue. — Le monsieur reçut toutes les fleurs et l’eau des fleurs — eau verdâtre et fétide, qui ne pardonne pas aux habits, et qui teignit avec une promptitude surprenante le gilet blanc du gros monsieur.

Sa colère !… elle est impossible à décrire.

Sa figure ! elle était risible ; heureusement, on ne la voyait pas. Des larmes vertes cou-