Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/191

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Tancrède retourna la tête vivement, et il aperçut alors son chapeau sur une chaise à côté de lui. Il voulut le reprendre, mais l’attention était fixée sur ce malheureux chapeau. Il n’osa le faire disparaître en le remettant sur sa tête, car le chapeau était invisible lorsque Tancrède le portait ; mais, loin de lui, le chapeau cessait de participer au merveilleux ; chacun alors pouvait l’admirer.

— À qui le chapeau ! cria un jeune étranger.

— À personne, il n’y a personne ici.

— C’est l’accordeur de piano qui l’aura laissé ici ce matin, dit quelqu’un en riant.

— C’est le chapeau du coiffeur de madame de D*** ; cachez-le donc, monsieur de Bonnard.

Et soudain un élégant coup de pied fit tomber le chapeau sous la table.

— Il est sauvé ! pensa Tancrède.

Une rumeur se fit entendre dans le salon.

— Voilà M. de Lamartine ! s’écria quelqu’un.

— Non, reprit une autre personne ; Lamartine est allé ce soir chez son président.